[PV Nina] Ces moments où on a besoin du âme charitable... (Un mois avant le mal)

Trois jours. Cela faisait maintenant trois jours que Neyla était en fuite. Trois jours de stress, de peur et sans sommeil, passés à se cacher et éviter toute personne un peu étrange qui pourrait faire mine de la suivre ou de vouloir s'approcher trop d'elle. Elle eut à peine le temps d'aller à l'auberge où elle résidait pour manger et se changer qu'elle dut repartir à nouveau, voyant trop de personnes louches la suivre. Finalement, après tant de temps, elle décida de changer de tactique, plutôt que d'aller dans les coins sombres de la ville, plutôt aller dans les coins très peuplés. Cela empêcherait peut être au maximum ses poursuivants de tenter de l'attraper pour lui faire je ne sais quoi. Neyla se déplaça dans les endroits les plus peuplés qu'elle pouvait trouver dans la ville, ne se cachant finalement que quand les rues devenaient trop désertes pendant la nuit. Au bout du troisième jour, épuisée, elle décida de se diriger vers la grand place, où se déroulait le marché. Il était encore tôt, c'est tout ce qu'elle savait ayant perdu toute notion du temps après tout ce temps passé en cavale. Il y avait déjà pas mal de monde sur la place et Neyla se glissa parmi les passants pour passer inaperçue au milieu de tout le tumulte. Elle marchait doucement, la fatigue lui pesant sur le moral et chacun de ses muscles lui hurlant de s'arrêter ne serait-ce qu'un moment.

C'est donc trois jours plut tôt que tout avait commencé. La journée s'annonçait plutôt bien et carrément banale. Neyla était encore une fois à la taverne à jouer aux cartes avec un gars qui semblait un peu louche mais qui avait visiblement pas mal d'argent sur lui donc ça importait peu. Cela faisait maintenant presque deux heures que Neyla gagnait face à ce gars, multipliant sa dette de jeu à chaque fois. Elle usait de ses « stratégies » comme elle aimait les appeler. Triche ne convenait pas quand c'était quelque chose d'aussi réfléchit pensait-elle. En tout cas, au bout de toutes ces parties, Neyla était sure de s'en sortir avec une coquette somme, de quoi vivre tranquille pour plusieurs jours sans faire attention, ou se payer un petit truc un peu cher à l'occasion même si ça ne l'intéressait pas trop en général ce genre de choses. Elle souriait jusqu'aux dents en regardait le gars en face d'elle blêmir, devenir tout rouge puis déglutir au fur et à mesure que Neyla sortait de quoi gagner presque à chaque fois, donnant tout de même un semblant d'aléatoire dans la partie. Finalement, l'homme mit fin à la partie, visiblement hors de lui, se levant d'un bond. Neyla rangea les cartes et demanda son dû. L'homme l'accusa de tricherie, de couardise et lui assigna tout un tas de noms plus ou moins vulgaires mais Neyla se contenta de le regarder s'énerver avec dédain, réclamant simplement ce qu'elle avait gagné. L'homme finit par s'y résoudre. Dans ce genre d'endroit, il était très mal vu de ne pas payer ce qu'on devait et presque chaque personne présente dans l'établissement était prête à se battre pour permettre à Neyla d'obtenir son argent... pour peu qu'elle n'en cède une grande partie, ce qui ne l'enchantait absolument pas. C'est ainsi qu'elle s'était retrouvée dans cette situation. Le mauvais payeur avait envoyé ses sous-fifres la chercher pour tenter de récupérer l'intégralité de la somme qu'il avait dû donner à son adversaire de jeu...

Finalement, une fois au milieu de la foule, Neyla lutta pour empêcher ses yeux de se fermer. Le paysage commença à tourner autour d'elle, puis tout devint flou. Elle chercha à se repérer, fit quelques pas, puis sombra dans le noir, s'écroulant par terre au milieu de la foule...

La jolie rousse évanouie aux pieds de Marguerite. C'était une femme douce et mère d'une tripotée d'enfant qu'elle gâtait autant qu'elle pouvait. D'ailleurs elle était sur le point de leur acheter des fruits très sucrés que ses marmots aimaient tant.
Voyant la jeune femme tomber au sol, elle se précipita vers celle-ci, s’agenouilla près d'elle et posa sa tête sur ses genoux.
Elle s’époumona ensuite si bien qu'on l'entendit à travers le brouhaha du marché.
"UN DOCTEUR! EST-CE QU"IL Y A UN DOCTEUR?"

Ce matin chez la doctoresse, c'était la grande famine. Plus rien à manger dans la réserve, et déja plusieurs jours qu'elle se sustentait chez le boulanger d'à coté... Il était temps d'aller faire le marché. Elle avait horreur de ça, peut être autant que de cuisiner, mais la il était plus que temps.
C'est donc sans grande motivation qu'elle laissa fermé son cabinet, pris un grand panier et parti en direction du marché.
Elle achetait généralement des produits pouvant se conserver un certain temps, évitant ainsi d'avoir à faire les courses trop souvent.
Elle s'acheta au passage une délicieuse patisserie qu'elle était en train de déguster lorsqu'elle entendit les hurlement de Marguerite.

*Aller ma grande, il parait que tu as porté serment... Rooo je suis sûre qu'il y a d'autres médecins dans le coin, je suis très occupée là... Tu veux dire les merveilleux "médecins" de Clavinia? ....Bon ok j'y vais...*

Nina se fraya un chemin dans la cohus vers les cris de Marguerite, certaines personnes l'ayant reconnu cela facilita sa traversée. Elle avait fini d'avaler sa bouchée de friandise et l'avait encore en main quand elle arriva près de la patiente. Elle s'agenouilla à son tour en se présentant à Marguerite, bien qu'il lui semblait l'avoir déjà croisée par le passé, et en posant sa pâtisserie sur le ventre de la patiente. (faut pas plaisanter avec les choses sucrées...)
Cette dernière était très pâle et semblait inconsciente. Néanmoins elle voyait encore sa poitrine se soulever lentement par sa respiration ce qui déjà la rassura.
Elle avança sa joue contre le visage de la jeune femme, sentant son souffle caresser sa peau. Apparemment elle respirait normalement sans obstruction. Elle huma le souffle de la jeune femme... Pomme verte, plus aucun doute à avoir.
C'était généralement le signe d'un manque nutritif. Pourtant la jeune femme ne semblait pas extrêmement maigre, et un rapide coup d’œil lui permit de vérifier qu'elle n'était pas démunie au point de manquer de nourriture.
Les énormes poches sous ses yeux lui indiquèrent également qu'elle devait être en manque de sommeil... ce qui ne devait pas aider.
Elle attrapa sa petite gourde d'eau à sa ceinture et y émietta le sucre qui recouvrait sa friandise. Elle secoua cette dernière vigoureusement avant d'en faire boire très doucement le contenu à sa patiente.
Elle devrait se réveiller d'ici peu avec un peu de chance, mais elle ne voulait pas la laisser ici sur le sol. Un mystère entourait cette jeune femme et elle était bien trop curieuse pour la laisser s'enfuir avec.
Elle resta donc à ses cotés avec la ferme intention de l'amener à son cabinet dès qu'elle se réveillerait.

Bon... Neyla se trouvait donc là, dans les pommes au milieu d'une foule de gens qu'elle ne connaissait pas. C'était étrange comme sensation. Elle pouvait entendre ce qui se passait autour mais c'était comme si un bourdonnement constant l'empêchait de comprendre quoi que ce soit. Finalement, une lumière aveuglante lui parvint et elle commença à ouvrir les yeux doucement, sentant à nouveau ses membres engourdis. Au début elle ne vit rien d'autre qu'un tas d'ombres noires sur fond blanc, mais tout s'éclaircit doucement et redevint pratiquement net. Finalement elle prit peu à peu conscience de ce qui l'entourait. Elle avait un léger goût sucré dans la bouche, lui rappelant que son ventre lui criait de manger quelque chose. Elle redressa légèrement la tête mais abandonna son entreprise pour un moment. Sa tête se posa sur quelque chose plus confortable que le sol et agréablement tiède. Levant les yeux, elle remarqua qu'elle avait la tête posée sur les genoux d'une inconnue et qu'une autre personne était agenouillée auprès d'elle. Neyla commença par devenir toute rouge, peu habituée à ce genre de situation. Elle se redressa vivement et se cogna contre le menton de la dame qui lui servait d'oreiller.

-"Mais qu'est ce que je fais là..."

Appuyant les mains sur sa tête, elle chercha à se relever mais trébucha avant d'y arriver et retomba à terre, heurtant un tonneau. Tout son corps lui lançait et elle n'arrivait plus à penser à autre chose qu'aux courbatures qui lui faisaient si mal. S'adossant au tonneau, elle repoussa ceux que auraient voulu l'aider et regarda les deux personnes qui étaient juste à côté d'elle à son réveil.

-"Bon sang, vous êtes qui ? J'ai gagné, c'est pas ma faute si votre patron est nul... En plus il aurait pu engager des gens plus effrayants, j'ai l'impression que je vais me faire mettre au coin..."

Neyla essaya de se relever, mais elle n'arriva même pas à plier la jambe. Il lui faudrait de l'aide pour se remettre debout, elle n'était pas prête à supporter la douleur que cela engendrerait si elle devait le faire toute seule. Elle chercha autour d'elle un moyen de se défendre ou de faire quoi que ce soit pour pouvoir se sauver mais elle ne trouva rien d'autre que des gens et un tonneau... Et puis de toute façon, elle ne savait même pas combattre alors bon... Elle finit par regarder le ciel et elle sourit. Il faisait quand même super beau aujourd'hui...

-"Bon magnez-vous de m'emmener et si vous êtes pas là pour ça bah... si ça vous embête pas de m'aider à me relever ça serait super..."

Elle reporta son attention sur les deux femmes, se demandant ce qui allait se passer maintenant. De toute façon elle ne pourrait rien faire à par attendre, assise contre son tonneau...

La jeune femme se réveilla brutalement cognant la pauvre Marguerite au passage.
Elle semblait désemparée comme un animal sauvage perdu au milieu de nul part, acculé face à un danger.
Ses gestes étaient chaotiques et elle repoussait toute sorte d'aide que Nina souhaita alors lui apporter.

-"Bon sang, vous êtes qui ? J'ai gagné, c'est pas ma faute si votre patron est nul... En plus il aurait pu engager des gens plus effrayants, j'ai l'impression que je vais me faire mettre au coin..."

Nina fit un drole de grimace d'incompréhension, suivit d'un "Hein?"
Ses deux mains bien en évidence elle approchait tout doucement de la rouquine.

-"Bon magnez-vous de m'emmener et si vous êtes pas là pour ça bah... si ça vous embête pas de m'aider à me relever ça serait super..."

"Calmez vous, personne ici à ma connaissance ne vous veux du mal. Vous êtes tombée dans les vapes au milieu de la foule. Vous avez besoin de repos et d'un bon repas..."

Nina examina la jeune femme d'un autre coup d’œil, cette situation lui rappelait certains souvenirs... Elle avait déjà accueillit à son domicile une femme en difficulté, à la fois pour la cachée et pour la soigner.
Elle eut un instant d'égarement pendant qu'elle repensait à cette rencontre si particulière, affichant un brin de mélancolie, avant de revenir à la réalité du moment.
Elle reprit un regard doux avec son sourire enfantin toujours les mains afin de bien montré qu'elle ne possédait aucune source de menace.

"Je suis Nina Grinfelt, je suis médecin." Déclara t-elle afin d'aider à dissiper tout doute.

Puis une fois qu'elle fut assez proche, elle tendit son bras pour aider la rouquine à se lever.

"Vous serez en sécurité chez moi si vous le souhaitez, à moins que vous préfériez un hôtel?"

Elle devait l'avouer, cette jeune femme était physiquement très charmante, mais à l'heure actuelle cette dernière se disant pourchassée, elle estimait qu'elle serait d'avantage en sécurité chez elle qu'à l’hôtel. Néanmoins elle ne pouvait pas décemment lui imposer sa chambre d'ami...

Neyla reprit son calme assez rapidement. Elle devait réfléchir, essayer de juger la situation pour savoir quoi faire à présent pour ne pas prendre de risques. Elle regarda la femme qui s'était annoncée comme étant médecin, la fixant un moment sans savoir ce qu'elle cherchait vraiment. Elle avait plus que jamais besoin de prendre des décisions logiques et réfléchies mais son esprit était comme embrumé, comme si ses pensées n'étaient qu'un écho confus de ce qu'elle pensait vraiment. Du repos et un bon repas, oui c'est effectivement ce que Neyla désirait actuellement, mais pas de la part de n'importe qui, et elle trouvait louche qu'une personne vienne l'aider comme ça sans aucune raison...

Pour commencer, il fallait répondre. La dame lui avait donné son nom, sa profession et l'avait invitée à venir chez elle ou à aller à l'hôtel. la deuxième solution était inenvisageable car bien trop hors de sécurité car n'importe qui d'un peu insistant pourrait venir dans sa chambre et Neyla n'était pas en état d'opposer une quelconque résistance. Il ne restait donc qu'une solution actuellement qui s'offrait à la rousse. Elle baissa la tête et regarda le sol un moment.

-"Je m'appelle Neyla... Je sais pas trop ce que je suis... je veux pas aller à l'hôtel"

Elle aurait aimé dire quelque chose de plus réfléchit, expliquer par des chemins détournés ou faire croire ce qu'elle voulait sans vraiment mentir mais c'est la seule chose qu'elle réussit à dire de façon assez confuse. Elle ne savait pas qui était la personne en face d'elle mais tout ce que Neyla savait c'est que maintenant son sort dépendait totalement et presque exclusivement d'elle. De toute façon il n'y avait pas vraiment le choix pour le moment... Neyla tenta de se remettre doucement debout en utilisant l'aide qui lui était offerte, mettant juste un peu plus de temps que prévu à se remettre sur ses deux jambes. Une fois fait, elle secoua doucement une jambe, puis l'autre et sourit.

-"J'ai un peu mal partout mais ça devrait aller pour l'instant... Restons pas là, ce serait mieux."

-"Je m'appelle Neyla... Je sais pas trop ce que je suis... je veux pas aller à l'hôtel"

Nina lui sourit avec gentillesse. La jeune femme semblait désorientée et avait de toute évidence du mal à poser ses pensées.
Lentement elle aida la jeune femme à se relever, lui offrant son maigre corps comme appuis.

-"J'ai un peu mal partout mais ça devrait aller pour l'instant... Restons pas là, ce serait mieux."

"Nous partons sur le champs. Tenez buvez ça à intervalle régulier, ça devrait vous aider momentanément." Dit-elle en lui tendant sa gourde d'eau sucrée.

"Marguerite, pouvez-vous nous suivre avec mon panier s'il vous plait?"
Oui il aurait été inutile de rentrer dans une maison sans aucune provisions à offrir à une affamée...
La jeune mère s’exécuta volontiers et les jeunes femmes se dirigèrent en direction du cabinet de la doctoresse. Nina offrant toujours son bras en appuis pour aider la jeune femme à ne serait-ce que garder son équilibre.


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